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Du front du Haut-Karabagh aux rings de MMA, des tribunaux de la justice internationale aux réseaux sociaux, les combattants arméniens ne cessent de faire entendre leur voix. Ces hommes et femmes, chacun à leur manière, incarnent la résilience, la fierté et le courage d’un peuple souvent contraint à se battre pour exister. En tant que Français d’origine arménienne, j’ai grandi entre deux cultures, et ce qui m’a toujours frappé, c’est cette capacité propre aux Arméniens à se lever, même quand tout semble perdu. Aujourd’hui, ces figures inspirantes, souvent méconnues en France, méritent d’être mises en lumière. Voici leur histoire.
Impossible de parler de combat sans évoquer Monte Melkonian. Ce nom, certains le connaissent, mais peu réalisent à quel point cet homme, né en Californie, est devenu une légende du Haut-Karabagh. Ancien étudiant en archéologie devenu stratège militaire autodidacte, il symbolise l’engagement total pour une cause qu’il jugeait juste, jusqu’à y laisser sa vie. À ses côtés, des figures comme Vazgen Sargsyan ou Tatoul Krpeyan ont marqué l’histoire moderne de l’Arménie par leur courage lors de la première guerre du Karabagh dans les années 90.
La guerre de 2020 a laissé une génération de jeunes combattants traumatisés, mais profondément dignes. J’ai récemment lu le témoignage d’un soldat de 22 ans, amputé d’une jambe, qui déclarait : « Je ne regrette rien. J’ai défendu ma terre. » Ces mots résonnent. Dans un monde où les conflits sont souvent perçus à travers des prismes géopolitiques complexes, la parole directe des vétérans arméniens donne une autre dimension à cette réalité brutale.
Des volontaires venus de France, des États-Unis ou de Russie ont rejoint les lignes de front. Certains sont nés loin de l’Arménie, n’y avaient même jamais mis les pieds. Et pourtant, ils ont traversé le monde pour défendre une cause qu’ils portaient dans leur sang. Ce phénomène en dit long sur la puissance du lien diasporique. En 2020, plusieurs jeunes Français d’origine arménienne ont pris l’avion, parfois en secret, pour s’enrôler aux côtés de leurs frères arméniens. C’est un pan méconnu mais essentiel de cette histoire contemporaine.
Qui connaît Artem Harutyunyan, champion d’Europe de boxe allemano-arménien ? Ou encore Edmond Tarverdyan, célèbre coach de MMA basé à Los Angeles ? Leur influence dépasse le cadre sportif. À chaque victoire, ils brandissent le drapeau tricolore rouge, bleu et orange, envoyant un message fort : l’Arménie est présente, même là où on ne l’attend pas. Serj Tankian le disait lui-même : « Notre force, c’est notre diaspora. »
À Erevan, les jeunes s’entraînent dur. La lutte, notamment gréco-romaine, est une discipline nationale. Aux Jeux olympiques, l’Arménie récolte régulièrement des médailles dans cette spécialité. Le judoka Hovhannes Davtyan, ou encore le lutteur Artur Aleksanyan, médaillé d’or à Rio, sont des figures nationales. En France, ils restent inconnus du grand public — dommage, car leur parcours est tout simplement impressionnant.
En Arménie, le sport de combat n’est pas qu’un loisir. C’est un moyen de transmission de valeurs. Courage, discipline, loyauté. Les infrastructures se modernisent, notamment grâce au soutien de mécènes issus de la diaspora. Plusieurs clubs de boxe à Marseille ou à Lyon ont été fondés ou financés par des Arméniens, souvent pour offrir une alternative saine à des jeunes en quête de repères.
On connaît Charles Aznavour pour ses chansons, mais son engagement pour la cause arménienne a été constant. Aujourd’hui, des figures comme Serj Tankian, chanteur du groupe System of a Down, ou encore Kourtney Kardashian, utilisent leur notoriété pour alerter sur les enjeux politiques, écologiques et humanitaires en Arménie. Mais il y a aussi des inconnus : jeunes youtubeurs, artistes, activistes sur Instagram. Tous combattent avec leurs armes — des mots, des images, des hashtags. Et c’est parfois tout aussi puissant qu’un discours à l’ONU.
Le mot “combat” prend tout son sens ici. Depuis plus d’un siècle, des générations d’Arméniens luttent pour faire reconnaître le génocide de 1915. Et même si une grande partie du monde occidental l’a reconnu, le combat n’est pas terminé. Des ONG comme Armenian Legal Center for Justice and Human Rights ou des avocats comme Geoffrey Robertson mènent un combat acharné dans les tribunaux et les médias internationaux. Cette lutte pour la mémoire est aussi une lutte pour l’avenir.
Dans les coulisses, un autre combat se joue. Celui de l’influence. L’Arménie, petit pays, grande diaspora. Ce paradoxe donne naissance à un soft power intéressant. Par exemple, la gastronomie arménienne gagne du terrain à Paris, à Los Angeles, à Moscou. Des entrepreneurs comme Narine Melikyan, qui a ouvert plusieurs restaurants à succès en Europe, ou des cinéastes comme Nora Martirosyan, participent à cette dynamique. Faire rayonner l’Arménie autrement, c’est aussi une forme de combat.
Dans les écoles arméniennes de la diaspora, le souvenir est vivant. Je me souviens encore des récits de mon grand-père, survivant du génocide, que nous retranscrivions à l’école franco-arménienne d’Alfortville. Ces histoires, racontées en arménien occidental, ont forgé mon identité. Aujourd’hui encore, les jeunes Arméniens apprennent dès le plus jeune âge les noms des héros, les dates clés, les lieux symboliques. C’est une mémoire vivante, presque sacrée.
Mais tout ne se joue pas dans le passé. Les jeunes Arméniens, en Arménie comme dans la diaspora, s’engagent autrement. Environnement, droits humains, numérique, entrepreneuriat… Leur combat, c’est aussi celui de l’adaptation. Je pense à Lilit Martirosyan, première femme trans à avoir pris la parole au Parlement arménien, ou à Ruben Vardanyan, mécène tech qui finance des écoles alternatives. Ces figures montrent que le courage change de forme, mais reste le même au fond.
En creusant ce sujet, je me rends compte à quel point l’Arménie, malgré ses blessures, continue de vibrer. Elle vibre à travers ses combattants. Qu’ils soient sur un champ de bataille, dans une salle d’entraînement, ou derrière un micro. Ils portent une histoire, une langue, une foi. Ils ne cherchent pas forcément la gloire. Ils veulent juste que leur voix résonne dans le monde. Et si aujourd’hui, nous prenons le temps de les écouter, c’est peut-être le plus bel hommage que l’on puisse leur rendre.