RETROSPECTIVE ASSADOUR Rubrique

Photos de l’exposition


ASSADOUR : ITINÉRAIRES ET TRACES
Rétrospective au musée Osthaus de Hagen (Allemagne)
du 5 mars au 5 mai 2022


« Il y a ce sentiment, en regardant les œuvres récentes d’Assadour, qu’on est devant quelqu’un qui, au réveil, mesure l’étendue de ses catastrophes avec beaucoup de tranquillité [...]. Comme si l’artiste de toute cette destruction ne retenait que la survie de sa raison, et qu’il n’en demandait pas plus. »
(L’Orient-Le Jour, 1975, Etel Adnan)

Le Osthaus Museum, ouvert en 1902 dans la ville industrielle de Hagen, a été le premier musée en Allemagne à se consacrer résolument à la collection d’exposition d’art contemporain. Il présentait des œuvres d’artistes de premier plan de l’époque tels que Paul Signac, Auguste Renoir, Vincent van Gogh, Paul Gauguin et Auguste Rodin. Très vite, le musée a acquis la réputation de premier musée d’art contemporain au monde. Il a conservé cette réputation : aujourd’hui encore, il fait partie des lieux d’exposition d’art moderne et contemporain les plus renommés et les plus importants de la République Fédérale d’Allemagne et d’Europe. Si, à l’époque de sa création, la maison représentait le renouveau culturel des centres industriels de la Ruhr, elle est aujourd’hui un signe au rayonnement international de la mutation structurelle réussie de cette région marquée par le charbon et l’acier en l’un des paysages culturels les plus riches, les plus diversifiés et les plus vivants du monde.

PNG - 956.9 ko

Ce prestigieux établissement accueille actuellement une rétrospective des œuvres du graveur et peintre ASSADOUR, né au Liban en 1943 qui vit à Paris depuis 1964. Après une exposition au Kunstmuseum de Bochum en 1991, c’est la deuxième rétrospective de l’œuvre d’Assadour dans un musée allemand. L’exposition a été inaugurée en présence de l’artiste le 5 mars 2022 par le Dr. Tayfun Belgin (directeur du musée Osthaus) et le Professeur associé Dr. Kristin Platt (directrice de l’Institut de recherche sur la diaspora et le génocide/Université de la Ruhr à Bochum). De nombreuse personnes ont assisté à ce vernissage, dont des connaisseurs et amis de l’œuvre d’Assadour venus d’Allemagne, de France, d’Italie et de Belgique. Parmi les invités se trouvaient l’archevêque Norvan Zakarian et le Prof. Dr. Krikor Beledian, Prof. Dr. Mihran Dabag le Dr, collectionneur et ami de l’artiste Werner Borman ainsi que Shogher Margossian de la fondation Gulbenkian. Dans son discours d’ouverture, le Dr. Tayfun Belgin a souligné que « les œuvres d’Assadour se caractérisent par des espaces visuels énigmatiques et emmènent leur observateur dans de multiples aventures visuelles pour le récepteur ».
L’exposition met l’accent sur les œuvres récentes d’Assadour (huile et acrylique sur toile), mais présente également des gouaches, des gravures et d’autres travaux sur papier dont certains remontent en partie au début des années 1970.

PNG - 1 Mo

L’esthétique picturale d’Assadour renvoie d’une part à un espace intérieur du tableau - par un encadrement réel ou suggéré. D’autre part, des associations extra-imaginales sont inévitables, car nos yeux reconnaissent les images humaines qui ont parfois l’air de machines. Parmi les évocations de motifs, on trouve également : des extraits de paysages, une architecture fragmentée, des échafaudages de lignes, des cercles, des vues urbaines tortueuses, des formes pyramidales.
L’artiste, qui a grandi à Beyrouth et a beaucoup voyagé, est conscient non seulement de ses origines en tant que membre d’une famille arménienne qui avait ses racines sur le territoire de l’ancienne Arménie occidentale, mais aussi des diverses traditions de pays très différents - de l’Orient au monde latin. Ses œuvres reflètent également l’expérience de la destruction et de l’anéantissement : nombre de ses œuvres cartographient dans les moindres détails les paysages de ruines qui transparaissent également à travers les œuvres les plus chaudes. Les dernières personnes dispersées tiennent de petits cônes de lumière au-dessus des décombres. Les images d’Assadour n’établissent pas de références et ne cherchent pas de nouvelles significations. Elles ne retiennent pas pour conserver, mais retiennent pour accepter le témoignage. Elles montrent une présence, et laissent planer l’incertitude quant à savoir si cette présence est comprise et si nous pouvons en rendre compte. C’est l’ambivalence entre tenir et se soustraire qui maintient la création d’Assadour dans ses cordes instables. Dans le discours qu’elle a prononcé lors du vernissage, Kristin Platt a déclaré : « Les œuvres d’Assadour témoignent d’une certaine obsession du temps. Ses tableaux ont à cet égard un aspect inquiétant : ils mettent en évidence le fait que le temps s’arrête à jamais sur les ruines. La guerre arrête le temps ».

PNG - 546.6 ko

C’est une véritable aubaine que de pouvoir découvrir les œuvres impressionnantes d’Assadour, imprégnées d’un sombre rayonnement, dans les magnifiques salles d’exposition du musée Osthaus. L’exposition, qui devait initialement durer jusqu’au 17 avril, a été prolongée jusqu’au 5 mai.
Elle est accompagnée d’un catalogue complet en allemand et en anglais contenant des articles sur la vie et l’œuvre d’Assadour.

Musée Osthaus Hagen
Museumsplatz 1
58095 Hagen
Allemagne
Du mardi au dimanche : 12h-18h.
Fermé le lundi.
Prix du catalogue 20€

Texte et photos du Dr. Medardus Brehl, Institut de recherche sur la diaspora et les génocides/Université de Bochum

par Naïri le lundi 4 avril 2022
© armenews.com 2024




 
Thèmes abordés