KRIKOR AMIRZAYAN Rubrique

Le mauvais rôle de la Russie en Arménie et en Artsakh ?


Refoulés de Géorgie lors de la guerre russo-géorgienne de 2008, les dernières bases militaires russes de Géorgie vinrent renforcer la 102e base stationnée à Gumri en Arménie atteignant près de 8 000 soldats. Une présence russe en Arménie renforçant l’accord militaire arméno-russe prolongé jusqu’en 2024 et donnant aux Arméniens le sentiment de protection face à l’appétit turco-azéri menaçant l’Arménie et l’Artsakh.

Mais les faits ont prouvé que cette base militaire russe stationnée en Arménie n’avait pas pour objectif de défendre l’Arménie et encore moins l’Artsakh face aux agressions turco-azéries. Le seul objectif des soldats Russes stationnés en Arménie étant de défendre les intérêts de la Russie.

Grande déception des Arméniens qui se croyaient sous le parapluie de la protection russe pour sa sécurité ! Les ventes massives d’armes par la Russie à l’Azerbaïdjan il y a quelques années et la livraison de missiles Iskander M sans charge explosive et des 4 chasseurs Sukhoï 30SM sans missiles auraient dû alerter sur la réelle volonté de Moscou qui continuait la devise des Tsars, à savoir « diviser pour mieux régner » au Sud-Caucase et agir pour trouver un équilibre stratégique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Tirant les ficelles à Bakou et parallèlement à Erévan.

Quant aux forces russes envoyées en novembre 2020 en Artsakh, force est de constater que si elles ont eu pour effet d’arrêter la guerre, en revanche elles n’ont pas réussi à imposer une paix. Le blocus du corridor de Latchine et les dernières attaques azéries qui coûtèrent la vie à plusieurs policiers Arméniens sont la preuve de cette inefficacité russe. Inefficacité dans le meilleur des cas et complicité avec les turco-azéri dans le plus mauvais cas. Car le doute est désormais permis sur la réelle volonté de la Russie en Artsakh. Est-elle là pour assurer la sécurité de l’Artsakh ou pour contrôler les enjeux du Sud-Caucase, quitte à se servir de l’Artsakh comme monnaie d’échange de ses prétentions dans la région ?

Le constat est cruel, le partenaire stratégique Russe joue sa partition en solo, en délaissant les Arméniens à leur sort. Dans ces conditions, l’enlisement de la guerre russo-ukrainienne et une armée russe en grande difficulté ne laisse pas présager un avenir meilleur en Arménie et en Artsakh où l’ogre turco-azéri guette pour assouvir son dessein d’une grande aire continue du Pantouranisme débarrassée du verrou arménien…
Sans le « grand frère » Russe, qui sauvera les Arméniens abandonnés de tous ? Dieu...peut-être !

Krikor Amirzayan

par Krikor Amirzayan le dimanche 5 mars 2023
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