THEATRE MUSICAL Rubrique

L’oreille de Denys : une co-création d’Aram Kebabdjian


« L’Oreille de Denys », co-écrit par Aram Kebabdjian, Jeanne Candel et Florent Hubert, met en scène quatre personnages pris au piège dans un instrument de musique chimérique, dont joue l’impitoyable tyran Denys. Un spectacle musical à découvrir à la péniche La Pop.

Fondée en 2009, le groupe La vie brève place l’écriture collective au cœur de ses créations. S’intéressant particulièrement au rapport entre musique et théâtre, cette compagnie polymorphe fait de « l’opéra avec les moyens du théâtre » et met la musique sur scène et en scène. Ces joyeux dynamiteurs et amoureux de la digression s’emparent de la péniche La Pop.

On associe toujours la musique au ciel et aux étoiles, ou aux anges, mais les enfers sont peuplés de bonnes chansons et les méchants sont de grands mélomanes. Explorant la relation du mal à la musique, le collectif composé de Aram Kebabdjian, Jeanne Candel et Florent Hubert exhume la figure de Denys l’ancien : héros paranoïaque et intransigeant, sa seule distraction, à en croire Cicéron, consistait à écouter le beau chant des suppliciés enfermés dans ses célèbres grottes, les latomies de Syracuse, autrement appelées Oreille de Denys.

Par une habile transposition, Denys est ici un personnage atrabilaire qui fait de son instrument géant le lieu de réclusion de tous ceux dont il se méfie. Dans cet espace grand comme une arche, il enferme les bons comme les mauvais, les enfants sages comme les lutins, les philosophes, les guerriers, les religieux, les poètes ou les musiciens, tout un monde qui crie et qui résonne pour le plus grand délice du tyran.

Au-delà d’un travail d’adaptation de cantates françaises pour un ensemble réduit de musiciens (saxophone, batterie, chant lyrique), l’équipée explore les possibilités sonores de la péniche et fait sonner la musique par le dedans. C’est toute l’atmosphère d’une caisse de résonance qui nous est alors donnée à entendre. Reclus à l’intérieur de cet instrument qui grince, tape et vocifère, le spectateur – petit comme grand – plonge au cœur de l’histoire d’une libération, celle d’une chanteuse qui grâce à sa voix ouvre les portes d’une prison musicale.

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Aram Kebabdjian © Claire Barbuti.

Né en 1978, Aram Kebabdjian a participé à cette création étonnante, en tant qu’auteur et dramaturge. Titulaire d’un doctorat en histoire de la philosophie (sur Kant et la géographie), il est aussi photographe et écrivain. Il a publié deux livres de photographies – Sul Sepolcro di François Truffaut (2001) et Andante Duras (2004) – ainsi qu’un essai sur la peinture d’Iouri Vassilieff, Trois Figure (2013). Les Désoeuvrés, son premier roman, paru aux éditions du Seuil, est entièrement consacré à des vies d’artistes fictifs. Nommé pour le prix Renaudot, finaliste du Prix Médicis, il a été récompensé par le Grand Prix SGDL du premier roman 2015.
 Son dernier roman s’intitule Le Songe d’Anton Sorrus (éditions du Seuil).

Il a réalisé le livret du spectacle L’Oreille de Denys. C’est dans le ventre d’une péniche, cabotant sur la Seine, que petits et grands sont invités à embarquer par Jeanne Candel, Aram Kebabdjian et Florent Hubert, ainsi que leurs quatre formidables comédien.nes musicien.nes.

Les 21 décembre à 19h30, 22 décembre à 15h30 et à 19h30, 23 décembre à 15h30
A la Péniche Pop - Face au 61 quai de la Seine – 75019 Paris (infos et réservations : 01 53 35 07 77 ou [email protected])
Durée : 1h15 environ environ

par Claire le samedi 15 décembre 2018
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