Patrick Stefanini Rubrique

Le génocide doit être enseigné à l’école Le point de vue de Patrick Stefanini


Je m’incline devant les victimes des massacres perpétrés à l’encontre de votre peuple pacifique par les gouvernements turcs d’alors dans le but de l’exterminer. Crime barbare condamnable que la conscience humaine doit bannir, ne jamais accepter, ni oublier.
Vous êtes un petit peuple, riche de culture et d’histoire ; l’humanité vous doit beaucoup et je suis persuadé aujourd’hui que de ce petit nombre de rescapés, demain une jeunessevaillante fera resurgir une Arménie en sécurité, libre et indépendante

Général Charles de Gaulle
Damas, juillet 1941


Plus de 60 ans passés depuis cette déclaration. Pourtant, presque tout est dit avec une extraordinaire prémonition. Aujourd’hui, les Arméniens ont une république libre, indépendante et démocratique. Partout, dans le monde comme en France, ils s’intègrent et brillent dans les arts, la recherche, l’université, le sport, l’économie.
Le président de la République, Jacques Chirac, dont j’ai dirigé la campagne présidentielle en 1995 comme en 2002, a promulgué le 29 janvier 2001 la loi par laquelle la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915.
Le 24 avril 2002, Mme Bernadette Chirac a tenu à assister à la messe célébrée en mémoire du génocide de 1915 dans l’église arménienne St Jean-Baptiste.
Tout cela marque la volonté que la reconnaissance par la France du génocide des arméniens soit un acte irréversible et définitif et elle engage la mémoire de la nation pour ce crime contre l’humanité.
Je pense que le génocide arménien doit être enseigné dans nos écoles. Je vais demander à Xavier Darcos, ministre délégué à l’enseignement scolaire, de l’intégrer dans les programmes scolaires.
Après la promulgation de la loi, Jean Tiberi, alors maire de Paris, avait décidé, avec l’accord du Conseil de Paris, d’autoriser l’érection d’un monument en souvenir du génocide arménien de 1915, place du Canada. C’est une sculpture, œuvre de l’artiste David Erevantzi, représentant le révérend père Komitas qui devra symboliser le martyre des arméniens. On m’a informé de difficultés matérielles rencontrées pour la réalisation de ce monument.
Je vais demander au ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour rendre ce projet réalisable le plus rapidement possible.
Tout ceci ne doit pas faire oublier l’avenir et nous devons favoriser le dialogue entre les hommes de bonne volonté. Ainsi, les initiatives permettant les rencontres culturelles, scientifiques, économiques et sociales entre Arméniens et Turcs doivent être soutenues. C’est le meilleur chemin pour ouvrir la voix à un futur où la fraternité entre les peuples sera la règle des relations internationales.
Jacques Chirac, lors de la campagne présidentielle, a proposé la création d’un Institut dédié à la culture, à l’histoire, à la civilisation arméniennes. Je me réjouis que ce projet puisse être mis en œuvre avec l’ensemble des associations arméniennes de France.
A l’initiative du président de la République, une coopération étroite s’est instaurée entre l’Arménie et la France. Celle-ci a été couronnée par la première visite d’Etat du président Kotcharian en France. A l’initiative d’un de mes collaborateurs, Henry Khatchadourian, a été créé, à Paris, l’Institut Arménien des Hautes Etudes Administratives. Cet institut aura pour vocation de former des hauts fonctionnaires arméniens pour la république d’Arménie. Les enseignements se feront en langue française et les étudiants feront un stage dans une administration française. C’est une application exemplaire de la coopération entre la France, la communauté arménienne et l’Arménie.
Pour cette raison, j‘ai accepté de parrainer cette initiative et je demanderai au président de la République que l’Institut soit placé sous son haut patronage.
Je veux aussi souligner ce que la France doit aux 450 000 Français d’origine arménienne. Ils doivent occuper toute la place qu’ils méritent au sein de notre société et je suis convaincu qu’à l’avenir ils seront davantage présents dans toutes les instances politiques de notre pays.
Enfin, je veux témoigner que, comme pour Jacques Chirac, les Français d’origine arménienne et les Arméniens d’Arménie sont pour moi des amis du cœur et de la raison.

par le samedi 1er février 2003
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Patrick Stefanini est conseiller régional UMP d’Ile de France.