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Charles Aznavour, dans la peau de l’acteur


Charles Aznavour, c’est plus de 1 000 chansons, mais aussi une présence dans 60 films. Celui qui rêvait enfant d’être acteur s’était confié sur sa passion pour le cinéma au journaliste Vincent Perrot. En a résulté un livre très illustré et réussi, qui donne à voir une facette moins connue de l’artiste. Son titre : Ma vie, mes chansons, mes films… (éditions de La Martinière). Ci-dessous la chronique que nous avions publiée dans le NAM 224.

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« Comment ce fils d’émigrés arméniens est-il parvenu à une telle perfection dans son art ? » : la personnalité de Charles Aznavour a toujours fasciné le journaliste et animateur Vincent Perrot. Ce dernier confie : « En tant que cinéphile compulsif, j’avoue que sa carrière de comédien m’a presque plus intéressé que celle de la star de la chanson ». C’est pour cette raison qu’il a réalisé en 2014 le documentaire Aznavour, viens voir le comédien (diffusé sur France 5), mettant en lumière ses carrières parallèles de chanteur et d’acteur. Mais le journaliste ne s’est pas arrêté là : il publie le rendu de « cette rencontre inoubliable » dans Charles Aznavour - Ma vie, mes chansons, mes films… - un livre abondamment illustré par des photographies personnelles et de plateau, affiches de films et pochettes de disques. Un bel ouvrage qui met l’accent sur la double carrière de l’artiste. « Je croyais le connaître, je l’aimais déjà beaucoup, commente l’animateur de RTL. Je le connais maintenant mieux, et j’en suis tombé amoureux ».

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Un cinéphile averti
« Quand je suis chez moi, dans le Midi, je visionne un film chaque soir », explique Charles Aznavour à Vincent Perrot. Des grands classiques (Carné, Duvivier, Clouzot, Hitchcock) à des films plus récents (l’intégrale de Woody Allen, Almodóvar), en passant par sa grande passion pour le cinéma italien : la vidéothèque de celui qui a été élevé dans une ambiance culturelle par ses parents acteurs est riche. Avec sa soeur Aïda, il passait tout son temps libre dans les salles obscures lorsqu’il était enfant : « Imaginez que nous prenions l’argent de la cantine et, qu’au lieu de manger, nous allions au cinéma en faisant l’école buissonnière », se souvient, espiègle, l’artiste qui a aujourd’hui 91 ans et a joué dans 60 films. Si Charles Aznavour a toujours été passionné de cinéma, c’est tout naturellement qu’il s’est rendu à l’école du spectacle, rue du Cardinal-Lemoine, juste en face de chez lui. Très vite, il est repéré par des metteurs en scène, notamment celui d’Henri IV au théâtre Marigny. Le jeune comédien y joue le roi enfant, avec l’accent du Béarn, et a pour partenaire rien de moins que Pierre Fresnay. Du théâtre au cinéma, il n’y a qu’un pas que Charles Aznavour a franchi très vite, faisant de la figuration, notamment pour La guerre des gosses en 1937 (première adaptation du roman de Louis Pergaud, La guerre des boutons). « C’était très divertissant mais, en Arménien qui se respecte, j’étais un enfant très pudique et, dans une scène, tous les mômes devaient se mettre à poil pour aller se baigner… Je n’osais pas me déshabiller devant tout le monde alors j’allais me cacher discrètement ! », confie Charles Aznavour à Vincent Perrot.

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Une vie riche de rencontres
L’Arménie, l’artiste en parle plus longuement dans un chapitre consacré à sa « conscience de l’histoire », notamment à travers son rôle dans Ararat d’Atom Egoyan et dans Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol. Lors de ce dernier tournage, Charles Aznavour confie : « J’ai appris quelques mots d’arménien à ma partenaire Isabelle Sadoyan. Elle avait oublié beaucoup de mots. Moi aussi, mais mon beaufrère Georges Garvarentz étant Arménien, mon maquilleur Arménien, j’étais un peu plus immigrant que les autres sur le tournage ». Vincent Perrot et les éditions de La Martinière ont réussi dans cet ouvrage, plus savoureusement illustré que les trois derniers livres de mémoires de Charles Aznavour, à montrer une facette moins connue de l’artiste. Et c’est avec délice qu’on se plonge dans la vie si riche de ce monument de la chanson et du cinéma, qui a rencontré tout au long de sa carrière les plus grands : Truffaut, Godard, Chabrol, Audiard, Ventura, Galabru, Ryan O’Neal et tant d’autres. En feuilletant Charles Aznavour - ma vie, mes chansons, mes films…, c’est aussi toute une histoire du cinéma que l’on parcourt.

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Ma vie, mes chansons, mes films… , par Charles Aznavour et Vincent Perrot. Éditions de La Martinière, 32 €.

Claire Barbuti

par Claire le lundi 1er octobre 2018
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