Ce jour-là, toutes les étoiles ont égoutté du poison
Et toutes les roses des vallées ont répandu une odeur d’ossements.
Un jour noir, fomenté dans les recoins du Palais de Yildiz,
Ourdi par la cervelle du sultan
Tel un loup qui surveille l’entrée de la tanière,
Cet ordre noir a éclaté.
Pleure, Arménie, ô Femme malheureuse ! Et arrache
Tes cheveux noirs, sème des cendres toutes chaudes
Sur ta tête niée.
Pleure et déchiquette tes seins qui nous ont nourris,
Que de tes veines coule le venin de la rancune, qu’il remplisse
De poison les sources de la Tamise, du Rhin et de la Volga
Que toutes soient noires,
Car c’est là qu’ont lavé leurs mains et leurs âmes
Les « Pilate »s qui t’ont jugé,
Sous le voile de l’aurore vermeille de tes espoirs,
Délibérément et d’une manière éhontée
Ils ont tramé traîtreusement un complot de profond silence.
Verse des larmes ! Car je vois
Qu’en ce moment difficile, tes amis se détournent de toi
Et te claque à la figure
Les portes de leurs ambassades,
Où ils font sur ta mort,
Des discours accueillis avec applaudissements,
Et des projets sympathiques,
Transformés par la suite en épitaphes sur ta tombe.
Pleurez, pleurez ô mères, ô jeunes femmes,
Déployez vos plaintes d’étoiles en étoiles,
Aujourd’hui sur notre terre noire,
Pleurez toutes ces aurores égorgées...
Que vos prunelles deviennent aveugles d’avoir pleuré
Ceux qui sont tombés par milliers.
(Traduction : Izabel Karabedian 22.04.2005)
CET ARTICLE VOUS A PLU ? POUR AIDER LE SITE A VIVRE...
|