Héléna Demirdjian Rubrique

Nous sommes-nous trompés de combat ?


Nous avons été nombreux à manifester notre désir de voir la négation du génocide arménien punie et cela semble légitime, tant le discours négateur est insupportable. Pourtant, la question que je me suis posée, alors que j’étais devant le Sénat, fut la suivante : “Nous battons-nous en tant que citoyens français et humanistes ou en tant que membres de la communauté arménienne ?“. En réalité, la réponse était évidente. Il y avait devant le Sénat une marée de drapeaux arméniens, et à la tribune, des discours en langue arménienne. Tout cela fleurait bon le communautarisme. Comment espérer, dès lors, fédérer les élus français ?

La loi, telle qu’elle a été présentée, était une loi clientéliste et l’on s’est servi des Arméniens. Tout le monde savait parmi les élus que cette loi n’avait aucune chance d’être votée, mais elle a été présentée quand même par des opportunistes voulant flatter la communauté arménienne. Or, quand on va à la guerre sincèrement, c’est qu’on a au moins l’espoir, sinon la conviction, de la gagner.

Nous devons élargir notre combat, lui donner une portée universelle en réclamant non seulement la pénalisation de la négation du génocide arménien, mais aussi celle de tous les crimes contre l’humanité et génocides ainsi reconnus par la République Française, notre pays. C’est en tant que Français, en tant qu’héritiers des droits de l’Homme, en tant que citoyens avides de justice que nous devons nous battre. Ainsi, et seulement ainsi, d’autres nous rejoindrons, et nous pourrons alors espérer voir le négationnisme puni.

Héléna Demirdjian

par le dimanche 15 mai 2011
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