Kégham Torossian Rubrique

L’ancien président de l’Ephorie de Paris répond à Sahag Sukiasyan


Kégham Torossian ex-président de l’Ephorie de Paris répond à Sahag Sukiasyan

Monsieur Sahag Sukiasyan m’a adressé copie de sa lettre datée du 26 juin 2011, lettre ouverte que vous avez diffusée sur votre site Armenews.

Ayant été Président de l’Éphorie de Paris de 1990 à 2009, des Délégués des églises de la Région Parisienne de 1996 à 2005, Secrétaire de la commission d’étude des projets de Statuts Paroissiaux et Diocésains sous l’égide de Mgr Norvan en 2003-2004 et Trésorier du 1er Conseil Diocésain (2007-2010), vous me permettrez de donner mon avis sur les termes de cette lettre dont certains sont absolument inacceptables.

Quelles que soient les divergences exprimées, elles amènent au constat de plus en plus navrant et effrayant d’absence de préparation, de concertation et de dialogue réel et véritable entre notre Haut Clergé et nombre de nos administrateurs laïcs élus par des fidèles qui doivent se sentir perdus au milieu de ces dissenssions.

Preuve en est cette avalanche de diffusions de lettres ouvertes, pétitions ou communiqués de tous bords, destinés à décrire des états de fait et à tenter de faire prendre conscience aux fidèles, de l’étendue des incompréhensions et de la surdité d’abord et surtout de notre Hiérarchie Religieuse et ensuite, de certains laïcs. L’étalement de ce linge sale sur la place publique et vers les autorités françaises, démontre tristement jusqu’à quel point les engrenages emballés peuvent aller. Les Diktats ne mènent à rien.

Ceci est d’une très lourde responsabilité pour tous ceux qui font perdre et gâcher des centaines d’heures depuis plus de 8 ans à des des laïcs pleins de bonne volonté, en leur faisant faire des études en grande partie inutiles, vouées à l’échec, condamnées d’avance ou biaisées avec des guides gelés sans fin comme l’a encore amplement démontré Jacques Panossian par son courrier du 26 juin 2011 paru aussi sur votre site.

Serait-il trop discourtois de demander de préciser qui est, (quels sont ceux), à l’origine des troubles et du vent qui n’aurait jamais dû devenir tempête, qui n’ont pas su expliquer le bien-fondé d’une réorganisation à marches forcées ou à petits pas, qui aurait dû être d’abord basée sur un respect réciproque, un échange, des accords et une confiance mutuelle en tenant compte aussi des propositions et des contingences locales de chaque Diaspora ?

Oublie-t-on que le Projet de Constitution Canonique d’Etchmiadzine datant du 26 février 1999 qui devait servir de modèle est toujours “à l’étude“ ?

Ne tombons pas dans le piège de l’amalgame faussement comparatif du “dénigrement“ que l’on voudrait nous faire croire de notre Église ancestrale et infiniment respectable, et le “dénigrement“ certes malheureux, du comportement fâcheux de ceux qui en ont la charge et oublient qu’ils ont d’abord pour mission de regrouper au bercail et sans violence morale, les brebis dites égarées (St Matthieu X-6 et XVIII-12).

“L’Église Arménienne“ du Patriarche M. Ormanian pris en référence, date de 1910. Ecrit en français, il dit textuellement : « Chez les arméniens, le clergé n’est pas considéré comme maître absolu et propriétaire de l’église. Celle-ci, en tant qu’institution, appartient autant aux fidèles qu’aux ministres du culte. En vertu de ce principe, sauf les actes sacramentaires, pour l’exercice desquels l’ordination est indispensable, rien ne se fait dans l’administration ecclésiale sans le concours de l’élément laïque ». Vous avez bien lu : “rien ne se fait dans l’administration ecclésiale sans le concours de l’élément laïque “

La décision de créer un Diocèse appartient bien au Catholicos sur avis du Conseil Spirituel Suprême. Celui de Suisse a été promulgué en 1992 avec siège à Genève, mais n’apparaît dans le calendrier officiel d’Etchmiadzine qu’après 1994, le R. Père Vickèn Aykazian, prêtre paroissial de Genève au moment, devenant par son sacre, son premier évêque jusqu’en 1999. Depuis l’an 2000, le siège de la Suisse reste bien officiellement à Genève mais n’a plus de titulaire. Pourquoi ?

Quant aux “votations“ et à leur participation, toutes les Paroisses connaissent le même problème de très très faible et honteuse représentativité des membres actifs par rapport au nombre de ceux qui sont dit “fidèles“, certaines n’ayant même pas assez de candidats ou de votants pour le peu de postes à pourvoir périodiquement.

Par ailleurs laisser penser qu’une assemblée générale paroissiale pourrait être amenée à se prononcer sur la doctrine chrétienne et une remise en question des décisions des trois premiers Conciles est pousser le bouchon un peu loin.

Qui peut parler d’entrave au développement d’une vie ecclésiale saine ? Les Paroisses de France ont-elles attendu la création du Diocèse pour se créer et fonctionner sainement ? (Le fac-similé du P.V. de Paris du 18 juin 1905 a été publiée dans l’album de notre 100e anniversaire). Savez-vous combien d’électeurs et de candidats “petits barons futurs“, se présentent aux élections ? Combien de Paroisses ne tiennent que grâce à ces “petits barons“ bénévoles, en très grande majorité admirables, qui sacrifient leur vie familiale et beaucoup, leur argent, à leur institution qu’ils tiennent à bout de bras et qui, pour beaucoup d’entre elles, ont tant de mal à survivre ?

Enfin, comment pouvez-vous, vous un homme d’église et historien, vous permettre d’oser affirmer un déni de vérité aussi scandaleusement archi-faux que “Dès son instauration, le diocèse de France semble manifestement avoir perturbé quelques « mauvaises habitudes » et « égarements » dans la gestion de nos églises, en particulier en région parisienne.........que c’est grâce à la volonté de Mgr. Zakarian et du conseil diocésain actuel, qu’on a pu engager des actions concrètes pour, enfin, nettoyer les écuries d’Augias de l’église arménienne de Paris ?“ alors qu’ils n’y ont été absolument pour rien, le Diocèse n’ayant été installé qu’en 2007 !!! alors que nous n’avons été que deux, avec Jacques Kousignian à avoir le courage contre tous, religieux et laïcs, d’affronter, le 25 janvier 2005, le Prélat de l’époque, pour lui présenter les preuves, enfin réunies, de ses égarements financiers puis de ses trucages électoraux, transmis le 6 février suivant d’abord à S.S. Karékine II puis, après quelques mois restés sans suite, à la Presse qui, je l’en remerçie, a bien voulu diffuser en son temps, le détail des pratiques lamentables d’un Prince de l’Église qui, jusqu’au 31 décembre 2010 était encore officiellement, numéro Un du Conseil Spirituel Suprême d’Etchmiadzine où siège aussi notre Primat.

Je n’ai pas de remarques à faire sur les autres points si ce n’est qu’il est trop facile d’avancer le manque de vocation sacerdotale en France. Il s’agit là justement du point le plus crucial et la mise en évidence flagrante de la grande carence de nos responsables religieux dans l’enseignement chrétien : Une organisation générale sérieuse d’éducation religieuse a-t-elle été faite un jour en France ? Comment peut-on attendre ou susciter des vocations sur un terrain qui n’est ni préparé ni ensemencé ?

Permettez-moi quelques observations sur vos autres courriers parus sur votre site.

-En 1985, la Suisse était rattachée à la Délégation Apostolique de Paris et non au Diocèse de France qui n’existait pas à l’époque.

-Le Communiqué du Conseil diocésain de l’Eglise Apostolique Arménienne de France du 11 juin 2011 prétend que : “ l’organisation diocésaine permet, dans le cadre des statuts, à chacune des paroisses de s’exprimer et d’être acteur dans la décision“. Qui peut prétendre que cela a été vraiment vrai à Paris, Issy les Mx et Nice ? Il reconnaît fort heureusement que : “ le moment est sans doute venu de prendre en considération les véritables problèmes qui touchent notre Eglise et que son renforcement reste plus que jamais nécessaire“. C’est la seule base possible d’un renouveau.

-Mgr Navasard Kchoyan est tout à fait libre de ses actes. Je voudrais simplement rappeler que dans les années 90, la Mère Thérésa avait, elle aussi, reçu une Rolls Royce en cadeau pour ses déplacements. Elle avait alors organisé une tombola en faveur de ses pauvres, tombola qui lui avait rapporté le double de la valeur de la voiture.

Je ne puis conclure que par “Houyss Havadatsélots-Espoir pour ceux qui croient“ dans l’attente que notre triste mur des lamentations s’écroule enfin, un jour !

Avec mes très sincères salutations,

Kégham Torossian

par le dimanche 3 juillet 2011
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