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Nouvelle offensive turque contre les avoirs en France de l’opposant Cem Uzan (avocat)


La Turquie a lancé la semaine dernière une
nouvelle offensive contre les avoirs en France de l’opposant turc Cem Uzan,
qui a pourtant obtenu de la justice française l’annulation de leur saisie,
a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

Le 6 septembre dernier, la cour d’appel de Paris avait annulé une saisie
conservatoire des avoirs français de cet homme d’affaires turc controversé,
opposant au président Erdogan et qui a obtenu l’asile en France, effectuée en
août 2017 à son domicile parisien par un huissier mandaté par Ankara.
Mais, deux jours avant cette décision, la Turquie avait mandaté un deuxième
huissier pour saisir les biens de Cem Uzan entre les mains de l’huissier ayant
opéré la saisie annulée par la justice, selon un document consulté par l’AFP.
En conséquence, les biens de Cem Uzan "restent saisis juridiquement, de
façon totalement illégale, par effet domino", a expliqué son avocat, Me
Matthias Pujos.

Il s’agit d’une "fraude à la loi majeure dont tant les autorités
judiciaires que la chambre des huissiers auront à connaître", a poursuivi
l’avocat. "En refusant d’exécuter (la décision) qui lui ordonnait de restituer
les effets de mon client d’une valeur de 2,1 milliards d’euros, la Turquie
foule au pied la justice française".

L’empire Uzan, jadis l’un des plus importants de Turquie, s’est effondré à
partir de 2003. Les autorités turques l’accusent d’avoir organisé une fraude
bancaire massive et plus de 200 entreprises du groupe avaient été saisies,
dont une compagnie de téléphonie mobile, Telsim, rachetée depuis par le géant
britannique Vodafone et un groupe de presse.

Au terme d’une multitude de procédures judiciaires, Ankara avait condamné
en 2013 par défaut Cem Uzan à 18 ans et demi de prison et à rembourser à
l’Etat turc quelque 390 millions d’euros.

En l’absence de décision française donnant force exécutoire à ce jugement
turc, un huissier, sur demande d’une agence gouvernementale turque, avait
saisi à titre conservatoire, en 2017 à son domicile parisien, des effets
personnels et "des titres au porteur, portant sur une valeur d’au moins 2,1
milliards d’euros", des fournisseurs d’électricité Ceas et Kepez, selon son
avocat.

En 2003, la justice américaine avait condamné Cem Uzan et d’autres membres
de sa famille à verser plus de 4,26 milliards de dollars aux équipementiers
américain Motorola et finlandais Nokia pour avoir détourné des fonds prêtés
par les deux groupes. En appel, ce montant avait été ramené à 3,1 milliards de
dollars.

par Stéphane le samedi 15 septembre 2018
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