ARMENIE Rubrique

Revue de la presse arménienne du 29 août 2018


Les articles dans la presse du jour sont essentiellement consacrés à la récente interview de Robert Kocharian et aux débats sur l’avenir de l’alliance « Yelk ».

Robert Kocharian a accusé Serge Sarkissian d’être responsable de la révolution de velours/ Les quotidiens indiquent que le deuxième Président Robert Kocharian a accordé hier une interview à la chaine télévisée russe NTV dans laquelle il a réaffirmé sa volonté de revenir sur la scène politique en Arménie. R. Kocharian a indiqué qu’il n’avait pas encore décidé des modalités de son retour : création d’un nouveau parti ou coalition avec d’autres forces politiques arméniennes. Selon l’ex Président il peut devenir « un point de consolidation pour ceux qui voient les problèmes actuels ». Le quotidien Joghovourd indique que le parti Républicain a fait part de sa volonté de collaborer avec Robert Kocharian. Parmi les deux autres forces qui étaient en coalition avec R. Kocharian durant son mandat, seul le parti Dachnak n’exclut pas sa collaboration avec l’ex Président. Le parti « Etat de droit » d’Artur Baghdassarian qui avait quitté la coalition de R. Kocharian en 2007 et avait rejoint l’opposition exclut de collaborer avec le deuxième Président. Le parti « Etat de droit » indique qu’ayant rejoint la révolution de velours, il soutient et collabore avec les nouvelles autorités. R. Kocharian a qualifié les procédures pénales lancées contre lui (accusations sur la base de l’article 300.1 du Code Pénal de « renversement de l’ordre constitutionnel par consentement préalable avec des tiers » cf. revue du 27 juillet 2018, revue du 18 au 20 août 2018) de « vendetta politique ». Selon R. Kocharian le troisième Président Serge Sarkissian serait responsable des évènements du printemps 2018. R. Kocharian avance que S. Sarkssian n’aurait pas dû essayer de se maintenir au pouvoir en changeant la Constitution et en étant candidat au poste de Premier ministre. Selon le quotidien Jamanak, le fait que R. Kocharian ait accordé cette interview à une chaine russe témoignerait que l’ex Président aurait l’intention de collaborer étroitement avec la Russie dans le cadre de son retour en politique.

Vision des Sasna Tsrer sur l’avenir du pays/ Les quotidiens rendent compte des déclarations de Varoujan Avetissian et Jirayr Sefilian, leaders du mouvement « Parlement fondateur » et du groupe « Sasna Tsrer / Enragés de Sassoun » (groupe d’opposition armé responsable de la prise d’otages d’un commissariat de police en juillet 2016 durant laquelle trois policiers sont morts) qui ont récemment créé le parti « Sasna Tsrer » (cf. revue du 24 août 2018). Le quotidien Aravot indique que les représentants de ce parti ont précisé que même s’ils soutenaient les nouvelles autorités, ils ont choisi de créer un parti à part, car leurs positions sur certaines questions divergent de celles de Nikol Pachinian. Notamment, Nikol Pachinian a le projet de rassembler le peuple arménien dans la République actuelle et d’assurer le développement normal du pays, alors que les Sasna Tsrer n’acceptent pas « l’existence de la troisième République arménienne » et la perçoivent comme « un système transitionnel par lequel on doit passer pour aboutir à un état libre de colonisation et libre de l’architecture russo-turque anti arménienne ». Selon les Sasna Tsrer, la première étape pour aboutir à leur but devrait être la création de la république Kouro-Araxe (référence au territoire historique de la culture archéologique kouro-araxe). Ainsi les Sasna Tsrer présentent leurs prétentions pour ce territoire historique car d’après eux, il s’agit « d’un sous-système naturel qu’on peut prendre sous la jurisprudence arménienne et se développer sur cette base jusqu’à l’aboutissement de l’intégrité total de la Patrie ». Les Sasna Tsrer avancent « qu’une Arménie membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), de l’Union économique eurasiatique (UEEA) et donc sous la colonisation de la Russie ne peut pas être un centre de rassemblement du peuple arménien ». Varoujan Avetissian propose de quitter l’OTSC et l’UEEA et de cesser la diffusion de toutes les chaines russes en Arménie. Selon lui, il ne s’agirait pas d’une action anti russe, mais pro arménienne. Selon V. Avetissian, leurs intérêts coïncideraient actuellement avec ceux des Etats-Unis et de l’Ouest, ce qui explique que certains medias les qualifient de pro-ouest. Le quotidien Jamanak soutient la proposition des Sasna Tsrer sur la cessation de la diffusion des chaines russes en Arménie en qualifiant la propagande russe menée par ces chaines de « dangereuse ». Selon la linguiste M. Nariné Dilbarian, les chaines russes seraient perçues par certains arméniens comme l’unique fenêtre envers le monde extérieur et donc auraient un impact négatif sur l’opinion publique et politique en Arménie. Selon M. Dilbarian, un travail avec la société est nécessaire pour briser cette perception. Le cinéaste Tigran Khzmalian qualifie les chaines russes d’ « armes de lavage des cerveaux » et soutient la proposition des Sasna Tsrer. Selon lui, la mobilisation de la société sur cet enjeu pourrait pousser le gouvernement à agir dans cette direction malgré les craintes quant à la réaction de la partie russe face à cette décision.

Retour sur l’avenir de l’alliance « Yelk »/ Les quotidiens rendent compte de la déclaration du Président du parti « Arménie lumineuse » Edmon Maroukian (l’un des trois partis de l’alliance « Yelk ») selon laquelle il est trop tôt pour parler de la dissolution de l’Alliance, car elle est encore représentée au parlement et les modalités de participation des trois partis aux élections législatives anticipées ne sont pas encore décidées. M. Maroukian a indiqué que la question de la participation de « Yelk » aux élections municipales n’a jamais été discutée au sein de l’Alliance. Selon M. Maroukian, le parti « Contrat civil » a décidé de participer aux élections hors l’Alliance et les deux autres partis « Arménie lumineuse » et « République » ont formé une nouvelle alliance appelé « Luys » (lumière) dont le candidat au poste de Maire est l’actuel Ministre de la Justice M. Artak Zeynalian. La députée et membre de « Contrat civil » Lena Nazarian n’exclut pas que le parti de Nikol Pachinian participe aux élections législatives hors de l’alliance « Yelk ». Selon Lena Nazarian, les membres de son parti pourraient ne pas accepter la collaboration future avec les deux autres partis de l’alliance étant donné que ces derniers ne soutenaient pas le mouvement de Nikol Pachinian, faisaient des appels à cesser les actions et n’ont rejoint la révolution qu’à la fin. Selon la députée, l’alliance politique « Yelk » n’existe plus. Seule la fraction « Yelk » du parlement continue à exister jusqu’aux élections anticipées. Le quotidien Hraparak rappelle qu’après l’élection de Nikol Pachinian au poste de Premier ministre, la fraction « Yelk » du parlement est actuellement sans chef. Selon Hraparak, Edmon Maroukian postulerait activement pour ce poste, mais sa candidature ne serait pas acceptable pour les membres du parti « Contrat civil » qui voudraient voir sur ce poste « un des leurs ». Hraparak n’exclut pas que ce poste pourrait être occupé par la députée Mme Lena Nazarian.

Le passé criminel du candidat au poste de Maire des Dachnak / Le quotidien Jamanak revient sur la candidature des Dachnak au poste de Maire d’Erevan M. Michael Manoukian. Le quotidien prend note que le parti a choisi un candidat avec un passé criminel. Jamanak rappelle qu’en 1994 M. Manoukian avait été accusé et mis en détention dans le cadre de l’affaire sur le meurtre du premier Maire d’Erevan Hambardzum Galstian. M. Manoukian avait été libéré en 1995 sous une garantie personnelle et sa détention avait été présentée par les Dachnak comme ayant un contexte politique.

Rédaction : Lena Gyulkhasyan

Attachée de presse et de communication

Ambassade de France en Arménie

par Stéphane le samedi 1er septembre 2018
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