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La livre turque s’enfonce après la dégradation de plusieurs banques par Moody’s


Ankara, 29 août 2018 (AFP) - La livre turque poursuivait sa chute mercredi,
au lendemain de l’abaissement par Moody’s de la note de vingt institutions
financières et malgré les tentatives du gouvernement pour rassurer les marchés.
Vers 14H30 GMT, la livre turque dévissait d’environ 2% face au dollar, qui
s’échangeait contre 6,42 livres. La devise turque atteignait ainsi son plus
bas niveau depuis le 15 août.

Elle avait alors brutalement plongé à l’annonce de sanctions américaines et
de mesures réciproques imposées par la Turquie, s’échangeant même brièvement à
plus de 7 livres contre un dollar le 13 août, avant de se redresser légèrement.
Mardi soir, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de 18 banques et
de deux institutions financières en Turquie. La perspective de 14 banques a
été abaissée d’un cran, et celle des quatre autres de deux crans.
"Il existe un risque accru d’un scénario de financement à la baisse, où la
détérioration de l’opinion des investisseurs limite l’accès au financement des
marchés", affirme Moody’s dans son rapport diffusé mardi.

Selon l’agence de notation, les banques turques sont fragilisées par leur
dépendance aux financements en devises étrangères.

Environ 77 milliards de dollars (66 milliards d’euros) d’obligations en
devises et de prêts syndiqués doivent être refinancés au cours des 12
prochains mois, estime le rapport.

La détérioration de l’économie turque "alimente l’inflation et compromet la
croissance", estime Moody’s, prévoyant une croissance de 1,5% en 2018 et 1% en
2019.

"(Moody’s) note que le cadre opérationnel de la Turquie s’est détérioré
au-delà de ses précédentes prévisions, et s’attend à ce que cela se
poursuive", affirme l’agence.

Dans une note envoyée à ses clients mercredi, Capital Economics estime que
la Turquie est en train de basculer dans une phase de récession. Le cabinet
d’études prévoit une croissance de 3% pour 2018, puis une stagnation en 2019.
La défiance des marchés à l’égard des politiques économiques et financières
d’Ankara, couplée à des sanctions américaines, ont provoqué un vent de panique
sur les marchés et l’effondrement de la devise turque.

Celle-ci a perdu 40% de sa valeur face au dollar depuis le début de
l’année, et près de 24% en un mois.

La banque centrale de Turquie a annoncé mercredi matin avoir doublé les
limites d’emprunt des banques pour les transactions sur le marché
interbancaire, par rapport aux limites en vigueur avant le 13 août.
"2019 sera une année très forte en termes de combat contre l’inflation en
Turquie", a également assuré mercredi le ministre du Trésor et des Finances,
Berat Albayrak.

L’inflation a frôlé les 16% en rythme annuel en juillet, et les économistes
étaient peu optimistes au sujet des chiffres du mois d’août qui doivent être
publiés lundi.

par Stéphane le jeudi 30 août 2018
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